Desc : Visitas : Réalisé par Pedro Lange. Avec Mayil Georgi, Luz Stella Luengas, Enrique Giordano, Álvaro Rodríguez. Des éléments du mélodrame, de l'absurde, de la tragédie et du suspense se retrouvent dans cette trilogie pour dresser une esquisse psychologique de la violence. A travers la relation subtile de trois récits et des situations de vie de leurs protagonistes respectifs, VISITAS, loin de se limiter à recréer les lieux communs de la violence en Amérique Latine, nous situe dans les ruelles sombres de la violence. Ici, la victime et l'agresseur échangent leurs rôles de manière inattendue. Il n’y a pas de coupables précis, ni de rédempteurs évidents. La seule chose sûre est que l’acte de violence pourrait survenir à tout moment, compte tenu de notre capacité inhérente à atteindre à la fois le sacré et la cruauté. Il ne s’agit pas de la violence en tant qu’expérience extérieure contre laquelle il faut se protéger, mais de la violence en tant que pulsion la plus intérieure, menaçant toujours de démanteler l’équilibre précaire de nos vies. Les Trois Histoires I. La Visita Irène est une femme des classes supérieures qui a récemment divorcé. Elle incarne l'isolement social et les préjugés des personnes de sa classe sociale. Vivant dans un quartier privilégié de Bogota, Irène décide de s'isoler de tout ce qui pourrait perturber la stabilité de son petit monde. Assez perturbée par la rupture de son mariage, elle rentre un soir chez elle et trouve un malheureux visiteur. La présence troublante d'un homme blessé allongé sur le sol de la cuisine de sa maison provoque chez Irène une transformation qui la mène de la compréhension de traumatismes particuliers de sa vie à une pure cruauté. Elle exercera cette cruauté sans relâche contre le visiteur anonyme qui n'a parlé que pour demander de l'aide. II. L'autre invité. Craignant la réputation de Bogota comme ville dangereuse, Vicente Langevic arrive à Bogota en provenance du Chili pour un voyage d'affaires, avec l'intention de quitter la ville au plus vite. Cependant, pour des raisons indépendantes de sa volonté, il doit rester à Bogota encore quelques jours. C'est comme si la ville avait des projets différents pour lui. Le séjour de Vicente à Bogota le mène de surprise en surprise. Avec l'aide du réceptionniste de l'hôtel, du serveur et d'une flopée de personnages sinistres, Vicente devient paranoïaque. Il finira par se rendre compte que son éloignement politique pendant la dictature militaire équivaut à de la complicité. Et la ville va lui faire payer une telle complicité dans une tournure des événements qui démantèle le noyau même de son identité. III. L'enterrement Aujourd'hui, les visiteurs sont une famille de "desplazados", des gens qui, pris entre deux feux de la guerre en Colombie, fuient leurs maisons à la campagne et mènent une vie sans abri à Bogotá et dans d'autres villes de Colombie. Le père, Sebastian a disparu, Claudia, la fille a une forte fièvre et Alicia, la mère, ne sachant que faire et n'ayant nulle part où aller, finit par passer des nuits froides sous un pont de la ville en compagnie de d'autres sans-abri : un homme hostile et un vieil homme qui babille des prophéties sur la ville. La seule chose dont Alicia est sûre, c'est que la santé de sa fille se détériore, que son mari n'a pas été vu et qu'elle est une sans-abri de plus dans une ville qui est à l'écart de sa situation. Finalement, sa fille meurt. Alicia s'efforce de lui offrir un enterrement chrétien. Et ici commence le triste itinéraire de cette Antigone contemporaine, qui affronte stoïquement le manque de solidarité de la ville et de ses habitants..